Expo de pastels à la Galerie Boissière (1967)

George Besson : " Pastels d’Aujourd’hui " :

" De la création artistique, " le pastel est une fleur ".

Je ne sais qui l’a dit. Je ne l’ai pas inventé. Mais prenant à mon compte ce petit revenez-y de résonance littéraire, j’ajouterai que le pastel peut devenir une promesse de bonheur.

À condition, bien sûr, que bien gouverné dans l’organisation des tons, des valeurs et, grâce à ce que doit engager d’intelligence le dessin, le pastel soit d’abord un plaisir pour l’œil…, un plaisir susceptible d’être apprécié par un œil juste. De même que certaines personnes ont "l’oreille juste" et d’autres qui ne l’ont pas, pourquoi n’y aurait-il plus que des yeux faux ou inertes du fait de tout ce que le pauvre cerveau du mammifère humain récolta de traumatismes dus à un art de choc, à " l’acte pur de peindre" toute inintelligibilité et tout sentiment exclus.

Voici réunis, pour la première fois, à la Galerie Boissière, en qualité de pastellistes, un grand sculpteur Carton et cinq peintres, le jeune et flamboyant doyen Desnoyer, entouré d’Aberlenc, Bonel, Jacqueline Bret-André, Collomb, six fortes têtes qui se distinguent dans la technique du pastel lorsque, mieux que tout autre, elle leur paraît propice à la décharge de leurs sensations.

Venu de rivages divers et prisonniers volontaires des lois de l’art de peindre, ces artistes dans la diversité de leur vision n’ont cessé de prouver la plus fervente et totale cordialité pour les aspects multiples de la réalité.

Et, faut-il que je révèle, non sans plaisir, quitte à faire figure de déchet d’un autre siècle…, que les participants à cette exposition, avec des œuvres solides et savantes, traitées sans concessions, se prêtèrent sans équivoque à la réhabilitation de la puissance rayonnante du charme dans la création artistique — plaisir de l’esprit — depuis longtemps oubliée ou décriée comme étant une indécence

Les Sages de cette " Réunion Boissière " ne se font peut-être pas grande illusion sur les qualités critiques et réceptives d’un public amorphe, embrouillé et égaré dans le labyrinthe d’un néant chargé de littérature.

Moins pessimiste qu’eux tous, je crois que Desnoyer, Carton et Cie sont en train de se faire des complices épris de leurs séduisants artifices et prêts à avouer que le plaisir physique dispensé par les effets de l’animation plaisante du frottis d’un pastel et par la soie, embuée de couleurs, de formes éveillées avec vivacité. "

Juliette Darle dans " L’Humanité " du 15 mai 1967, " Galerie Boissière, Aberlenc, Bonel, Bret-André, Desnoyer, pastellistes " :

"  (…) René Aberlenc présente là quelques nus qui attestent l’acuité, la maîtrise de son trait. Sa sensibilité se donne libre cours dans l’atmosphère d’un sous-bois, d’une terrasse d’oliviers. (…) "